Raymond Farina
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Raymond Farina
Né en 1940.
Réside à Saint-Denis de la Réunion (Ile de la Réunion) depuis 1991.
Etudes supérieures de philosophie à l'Université de Nancy.
A enseigné la philosophie de 1964 à 2000.
Derniers recueils :
Epitola posthumus, Ed. Rougerie ,1990(Prix "Thyde Monnier" attribué par la SGDL en mai 1991).
Anachronique , Editions Rougerie ,1991.
Sambela , Ed. Rougerie , 1993 .
Ces liens si fragiles, Ed. Rougerie, 1995.
Exercices , Ed. de L'Arbre à Paroles , 2000.
Italiques ( Edition bilingue ), version d'Emilio Coco , I "Quaderni della Valle , 2003.
Fantaisies , Ed. de L’Arbre à Paroles , 2005.
Une colombe une autre , Ed. des Vanneaux, 2006.
Eclats de vivre , Ed. Bernard Dumerchez, 2006
Traductions
- de textes de poètes américains, espagnols, italiens et portugais publiés notamment dans les revues Arpa, Diérèse, Europe, La RBL, La Barbacane, Le Journal des Poètes, Po&sie, Testo a Fronte, Poetry Ireland Review :
Sophia de Mello Breyner Andresen, Fiama Hasse Pais Brandao, E.E. Cummings, Margherita Guidacci, Denise Levertov, Alexandre O'Neill, Ezra Pound, Giovanni Raboni, Theodor Roethke, Vittorio Sereni, Wallace Stevens...
- de textes de Jerome Rothenberg dans l’anthologie Après le jeu du silence, CIPM, Marseille, 1991.
- de textes de Vittorio Sereni, avec Bruno Farina, dans l’anthologie Prisma, Obsidiane, Paris, 1986.
Raymond Farina sur internet
« Terreaciel »
http://terreaciel.free.fr
« Le Printemps des Poètes » (« Poéthèque ») :
http://www.printempsdespoètes.com
"Maison des écrivains et de la littérature":
http://www.m-e-l.fr
« Editions Rougerie » :
www.editions-rougerie.fr
"Editions des Vanneaux"
René Rougerie est en effet l'éditeur de presque tous mes recueils depuis "La prison du ciel". Mortemart reste pour moi le lieu de l'accueil. Au risque de détourner la poésie de ses fonctions essentielles, je me demande d'ailleurs si l'on ne peut pas considérer la poésie aujourd'hui comme le meilleur moyen de tester la générosité , le désintéressement et l'hospitalité .Je pense bien sûr à ceux qui en écrivent, en traduisent et en publient qui en ce temps glorieux apparaissent comme des pithécanthropes. Ils le sont d'ailleurs peut-être redevenus après avoir compris que l'espèce s'était fourvoyée. Disons tout simplement que la poésie aujourd'hui est ce qui, au milieu du vacarme, des frénésies et des gesticulations de toutes sortes, n'existe que de sa fragilité dont elle est également l'indice - . C'est miracle qu'elle existe encore comme tant de choses inutiles dont on sait qu'elles sont essentielles.
Entretien avec Regis Louchaert, publié dans le numéro 33 - 2001-2002 - de la revue « Lieux d’Etre »)
Voilà une poésie toute d'interrogation, c'est-à-dire vraie tout simplement. Ici la pensée et la poésie s'accompagnent comme chez les présocratiques que Raymond Farina se plaît à citer. Mais le poème n'est jamais esclave de la philosophie plutôt il est celui qui donne le coup d'aile nécessaire comme ces oiseaux chers au coeur du poète. "Le hasard était jeune/ Il savait nous suprendre" écrit Farina (Anecdotes) et un peu avant : "il se peut/ que parfois j'existe" (Anecdotes) : ici le poème travaille dans l'ouvert et dans le fragile : "Quelque chose/ qui n'en aurait plus/ pour longtemps/ et cela/ va plus loin/ qu'un adieu/ et demande/ presque/ une larme" (Virgilianes). La question alors n'en prend que plus de force :
"Ô suis-je encore,
dis-moi
celui qui
dans la nuit
cherchait un mot
où s'appuyer
suis-je vraiment
de tant d'enfants
possibles
Le seul
qui fut sauvé" (Virgilianes)
Poèmes
Le Brouillon de Prague
Cela commencerait
par la fatigue d'un voyage
un nom que ne cesserait pas
de ne pas effacer ce brin
d'herbe tremblant sur la dalle
le ciel minéral le chat
là-bas
devant un jeudi de neige
(quelqu'un scrutant ses questions)
Le chat laissé dans sa sagesse
casanière
indifférent devant ce lent
naufrage d'arbres dans le blanc
l'erewhon lointain des nuages
de quelle éternité
détaché
Cela commencerait ainsi
sans raison sans soleil
par quelques mots blessés à vif
& soignés avec d'autres mots
deux dates que ne cesserait
de ne pas effacer ce bruis
d'herbes frôlant la dalle
deux enfants comptant les années
pour commenter l'âge des morts
à quelques pas de là
Ce serait à Prague ou ailleurs
une ville réelle
rentrant dans sa musique
& dans cet hiver dans l'hiver
il y aurait partout des gisants
le ciel ouvert leurs yeux perdus
sous le granit de leurs paupières
leurs tempes battant encore
d'acacias ivres d'abeilles
***
Fragments d'Ithaque
« Nous dirons que les bœufs sont heureux ;
quand ils trouvent à manger de la vesce ».
Héraclite, Fragment 4.
Tous ceux qui comptent qui amassent
courtiers & courtisans
histrions gladiateurs
jouteurs & faux-jetons
philistins de tout poil
savent combien coûte leur gloire
& ils ruminent leur grandeur
comme de savoureuses vesces
se vautrent dans leur renommée
incapables de voir
que toujours et partout
la même loi régit
talent & nullité
idiotie & sagesse
Loin de ces hiérarchies
oublieux des bousiers
ébloui de bourrache
en votre pays d’herbes
vous aurez vous aussi
votre moment de gloire
luciole seule & solidaire
soleil infime en sa nuit vaste :
un bref appel incandescent
dont un dieu – de son insomnie –
sans doute las d’être immortel
enviera l’éclat éphémère
La sagesse des sables (inédit)
***
Dans ta blanche amnésie
les nuages dociles
t’ont pris pour leur berger
vieux fantôme égaré
tout étonné d’entendre
le dialecte exotique
qui dut être le tien
résonner sur ta voix
pour insulter le bouc lubrique
pour appeler le vieux cheval
rappeler dans ton nulle part
que prince est l’enfant conduisant
d’une main sûre & souple
le bleu char à bancs déglingué
sauvé des décharges célestes
-& les siècles derrière
sont poussières-
que son royaume est bien
cette rumeur d’épis
au-dessus des herbes soumises
l’haleine de luzernes lasses
des verts violents qui enverveinent
cette aube
qu’ébrèche
le dernier coq
ce feu nocturne
qui lèche encore l’air
puis réticent accepte
son destin de fumée
Eclats de vivre
***
« Je suis feu, je suis air ; mes autres éléments
Je les laisse à l'ignoble vie... »
Shakespeare, Antoine et Cléopâtre,2,
Reste l’air
son seul élément
qui le porte qui l’accompagne
fait chuchoter les feuilles
comme un conciliabule
& participe à l’aventure
d’une bulle sans avenir
feuillette un livre
abandonné
cherche impatient
la fin du conte
invente l’Ange
puis dans la voile
éveille une envie
d’Infini
se faufile partout
s’immisce
dans les failles les confidences
invisible
imprévisible
Notes pour un fantôme (inédit)