Béatrice Libert
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Béatrice Libert
© Stéphane Lecaillon
Née à Amay-sur-Meuse, en Wallonie, Béatrice Libert vit à Liège.
Depuis l’enfance, elle est fascinée par le monde du langage qu’elle découvrit dans la pharmacie familiale où elle apprit à lire.
Elle a été longtemps professeur de français et de théâtre. Depuis 2008, elle se consacre à l’écriture et dirige le festival qu’elle a fondé « Cointe-Montmartre ». http://www.cointe.org/
Elle collabore avec de nombreux artistes, donne des lectures de ses textes, accompagnée d’une musicienne.
Elle a publié des poèmes, essais littéraires et pédagogiques, récits, nouvelles, proses poétiques, roman et a consacré plusieurs études à l’œuvre de l’écrivain français Jean Joubert.
Elle anime aussi des ateliers d’écriture.
Béatrice Libert dirige la collection « L’Horizon délivré » (arts et pédagogie) ainsi que « Carré d’as » (poésie illustrée pour la jeunesse) aux éditions Couleur Livres à Charleroi.
Poèmes publiés sur divers sites et dans de nombreuses revues et anthologies.
Récentes parutions :
Paroles du soir, Alain Benoît, Rochefort-du-Gard, 2007, encres d’Anne Slacik.
Passage et permanence, Le Tétras Lyre, Soumagne, 2008, gravures d’Annie Gaukema.
Ton corps, Alain Benoît, Rochefort-du-Gard, 2008, nus de Pierre Cayol.
L’Instant oblique, L’Oreille du Loup, Paris, 2009.
Avec, Encres Vives N°375, Colomiers, 2009, postface de Jalel El Gharbi.
Les couleurs du dedans, Barde la Lézarde, collection foL’Ivre,Paris, 2011 ; dessins et interventions plastiques de May Livory.
Le rameur sans rivage, La Différence, Paris.
Être au monde, La Différence, Paris.
Poésie en collection jeunesse
Saison des extravagances, Gros Textes, Châteauroux-les-Alpes, 2011, dessins de Willy Welter.
Le bestiaire en folie, Couleurs Livres, collection Carré d’as, 2011, dessins de Xavier Laroche.
Proses
Une enfance au creux des mots, récits, Couleur Livres, Charleroi, 2005 ; 2°éd., 2011, coll. JE.
Lettres à l’intemporel, nouvelles épistolaires, Le Bruit des autres, Limoges, 2010.
Musique de chambre, proses poétiques, Le Bruit des autres, Limoges, 2010.
Essais littéraires et pédagogiques
Jean Joubert, parcours poétique, L'Arbre à paroles, Amay, 2006.
Au pays de Magritte regarder lire écrire créer, Couleur livres, Charleroi, 2009.
Au pays de Maurice Carême regarder lire écrire créer, Couleur livres, Charleroi, 2010.
A paraître en 2012
Au pays de Jean Joubert regarder lire écrire créer, essai didactique, Couleur livres, Charleroi.
Sonate en là majeur, roman, Le bruit des autres, Limoges.
Contact: beatricelibert@yahoo.fr
www.beatrice-libert.be
J'ai eu la chance de croiser Béatrice il y a quelques années lors d'une rencontre animée par Gérard Poulouin à Caen. À nouveau je l'ai croisée il y a deux ans je crois dans la belle manifestation de Serge Chamchinov consacrée au livre d'artistes à Dives sur mer. Je suis heureux cette fois de m'attarder davantage et d'offrir aux visiteurs du site ces poèmes qui oscillent entre mystère et sensualité et se laissent revisiter comme un pays aimé, découvrant chaque fois de nouveaux visages, de nouvelles étreintes.
Poèmes extraits de « L’instant oblique »,
Aveu
Il manque un bouton
à ma veste d’hiver
Le recoudrai-je
ou garderai-je intact
l’aveu de mon infirmité ?
***
Humus
Je demande pardon à la terre
J’ai tué ses oiseaux
corrompu ses mousses
j’ai jeté dans son ventre
la lie de nos délices
L’humus aura raison de moi
***
Exorcisme
N’écoute pas tomber le soir
dans le ravin de la tristesse
Il a une ancolie sur le cœur
Apaise en toi les cernes de l’angoisse
en écrivant au dos du jour
tout ce qui brise ce que tu scellas
Mets à nu ce qui ne fut pas dit
mais que l’on entendit
et qui résonne encore
dans l’interdit
Quand même
Tu ne peux plus prier
mais tu pries quand même
Tu ne sais pas chanter
mais tu chantes quand même
Et c’est le poème
écrit presque à reculons
qui chante et prie
au-delà de ta raison
***
À fleur
À fleur d’être
le printemps
L’œil s’évade
L’âme grandit
La boussole indique l’autre
Le cœur bat dans chaque main
dans chaque pierre
chaque grain
***
Identité
Tu marches
et c’est ton pas qui
donne sens à la route
Tu marches
et c’est la route qui
s’enracine en toi
en ton désir d’aller
de ce que tu fus
à ce que tu es
Tu marches
et c’est le pays traversé qui
met des ailes à ton identité
© L’Oreille du Loup, Paris, 2009.
(loreilleduloup.blogspot.com)
***
Poèmes extraits de Visages de femmes,
L'écrivaine
Elle trace des mots
sans ombre qui tiennent
par la racine de l’angoisse
Elle écrit en trouvère
en femme qui trouve
au-dedans au-delà
ce qui nourrit :
le feu d'un bleu
incommensurable
***
L’amoureuse
Besoin de lui
comme d’un champ
sarclé chaque matin
Dedans mes jours
il a tout mis
le pain le sel
la levure admirable
l’épice et le jasmin
Mes mots vont dans sa bouche
caresser l’ineffable
Il lève en moi le bleu
qui n’a point de maison
Sa voix dort dans ma voix
comme une déraison
qu’effeuillerait mon âge
Et je suis sans chemin
si ne suis son voyage
***
La body-live
Elle a relifté ses idées
rejointoyé ses karmas à la silicone
regonflé ses seins avec des bulles Pepsi
Elle a ravalé sa façade avec du blanc
plus dingue que Dash
acclimaté la température de son corps
au plasma des mots tendance
Elle a couché son âme
sur le sofa de la psychédiététique
Light is all right
Elle a mis toute la gomme sur une paire
de faux cils made in Hollywood
épinglé son nombril en A3 sur le mur du living
I’m the best
Elle s’est tagué les fesses en technicolor
Promo à saisir
Puis elle a accouché d’une eau dormante
d’un Vésuve éteint
d’une vieille histoire d’homme
***
Paix à leurs visages
Mon visage a été vitriolé
Mes yeux ont été vitriolés
Mes oreilles ont été vitriolées
Ma bouche a bu du vitriol
Mon corps transpire le vitriol
Mon âme sue le vitriol
Qui oserait me regarder?
Je n'ai plus de visage
Juste deux trous pour le regard
et un filet de voix
qui filtre entre des lèvres mortes
Je suis une morte-vivante
Mon mari m'a chassée
Mon père ne veut plus me voir
Ma mère ne veut plus me voir
Mon frère me jette à la rue
Je suis bannie de ma propre peau
Je suis murée dans ma sale vie
Pourtant j'aimais je lisais j'élisais
Pourquoi soudain ce cri jaloux?
Je n'ai plus de visage
Je n'ai plus d'âme pour prier
A peine des mains
Je ne suis plus qu'un long voile noir
une cape de suie
un fourreau de deuil
que le jour froisse et froisse
et froisse de sa main
***
Antigone
20 ans morte
De la main de son propre frère
Elle voulait
Adopter les moeurs occidentales
Étudier
Fonder une famille
Promise contre son gré
Elle a fui
Traquenard familial
Il a abattu la jeune femme
Et tout les Sadia du monde
(6 et 9 décembre 2007
Sculpture sur prose. Poème composé avec des mots extraits de l’article de Frédéric Dubois paru dans le quotidien wallon L’Avenir.
Les parents viennent d’être condamnés pour ce meurtre
par la justice belge, en décembre 2011)
Passages et permanence, Le Tétras Lyre, Soumagne, 2008 (www.editiontetraslyre.be)
Extrait de "Petite mort"
Fais-moi mourir, juste un peu, lui disait-elle.
Alors il l'écoutait comme si leur vie dépendait de cet impératif. Il la déshabillait, ôtait un à un ses vêtements, la serrait contre lui, la palpait, la caressait, la reprenait, la respirait, lui mordillait l’épaule. Dévoilement qu'embrase une chair blanche... Il la savait consentante, absolue, grandie par le désir. Il la touchait, lui semblait-il, pour la première fois, et tout son corps s'en émouvait.
Virginité nouvelle... Comment fait-elle, ma fée, ma femme, mon amie, pour être neuve entre mes bras?
Alors, dans ses cheveux, dans sa toison, il plongeait des doigts impatients, souverains.
Avec qui, ce soir, suis-je là, en amour? Autre lumière, autre femme, plus nue, plus une... Non! Plurielle, à faire douter de soi!
Et il bandait de bonheur à l'idée de boire bientôt à cette bouche, à ces lèvres où la mer glisse un goût de large. Il caressait du mot, du souffle et de la paume, rondeurs intimes, peau attisée, excité par l'odeur enfouie à l'aine, au nombril, à l'aisselle, à la pointe du sein...
Il lui était permis de tout aimer, en cette conquérante, de sa chair à la musique de ses parfums. A chaque fois la même, à chaque fois une autre, plus nue, plus une... Non! Plurielle, à n'en jamais douter!
Alors, par tous ses membres, couraient des flammes d'allégresse tandis qu'un long désir lui fécondait le ventre.
De t'aimer, j'ai froid, j'ai chaud, j'ai vertige et fureur.
Et il frottait sa peau contre la sienne, ventre contre ventre, poitrine contre poitrine, visage contre visage. Apnée. Puis souffle qui émergeait, corps tendus comme des arcs. (…)
Musique de chambre, Le bruit des autres, Limoges, 2010. (www.lebruitdesautres.com)