Jean-Albert Guénégan
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Jean-Albert Guénégan
Né à Morlaix en 1954, vit à Morlaix.
On retiendra de la bio de Jean-Albert ces quelques lignes :
« Donc, la poésie m'a été très lointaine durant l'adolescence. Il a fallu qu'un jour, les histoires commencent toujours ainsi, qu'une femme et pas n'importe laquelle, ma mère quitte ce monde, me dise "maintenant prends un stylo, une feuille blanche et écris ton livre" pour que la poésie m'appelle de manière urgente. Je croyais être grand garçon comme on dit, je n'étais que... Je ne sais pas, un petit homme par exemple. Je me suis mis à écrire afin que quelqu'un comprenne mon immense peine, ma douleur, que quelqu'un partage avec moi cette période de la perte.
Ecrire, encore et toujours. Publier, oser... M'investir en poésie où je me sentais bien. Rencontrer des auteurs comme Gérard Le Gouic, Charles Le Quintrec, Gilles Baudry et bien d'autres et grandir... Alors que sur le travail, trente années dans un bureau à conneries, vissé planté devant un ordinateur aussi bête que les idioties que je pouvais entendre. Et pourtant, c'était en milieu hospitalier là où normalement on peut attendre de l'humanité. Ce fut tout l'inverse. Méchanceté, petitesse, nullité s'affichèrent jour après jour surtout devant quelqu'un qui avait osé s'écrire. J'ai enduré cela pendant trente ans jusqu'à peine 51 ans ou, à la faveur de je ne sais plus quoi, concernant les fonctionnaires, j'ai tiré ma révérence. J'ai osé, j'ose et j'oserai, Mesdames qui n'avez rien compris à rien, que seule la beauté me guide. Mais de cela c'est comme si je parlais du CAC 40, c'est du chinois. Honneur je me fais d'être poète, un peu. »
Contact : 33, rue des jardins 29600 Morlaix
guenegan-jean-albert@wanadoo.fr
Parmi les ouvrages récents :
Poèmes d’Armor et d’Estrémadura (août 2000) et Neuf poèmes de la Bretagne de Carlos Lopez Pires (Editoral Diferenca à Leiria (Portugal) – ouvrage bilingue, traduction de Cécilia Basilio – diffusion Coop Breizh – Epuisé
Pontaniou les barreaux (décembre 2001) – graffitis du monde carcéral – Editions la Part Commune Rennes – préface Marylise Lebranchu
Si patiente était la neige (mars 2004) – Editions Anagrammes - épuisé
L’Homme debout (septembre 2004) – Voltije éditions – Livre d’artiste. Peintures de André Jolivet
Parce que la nuit est née, là, sur le sein de l’océan – Livre d’artiste, collage de poèmes – Co-édition Fibres Libres et la galerie L’autre rive (Gaël Prigent et Eve Lerner)
Mes quatre jeudis (une enfance à Morlaix, mars 2006) roman autobiographique – Editions Anagrammes épuisé
Dimitri et les livres, Editions La clé du jardin – Mars 2008
Un jardin sous la neige - livre d’artiste- Véronique Agostini (plasticienne) et Jean Paul Martin. mars 2008
Murmure - livre d’artiste – Véronique Agostini (plasticienne) Mai 2008
Les jardins de Trévarez – livre d’artiste – Véronique Agostini Août 2008
Bohème automnale - livre d’artiste-Véronique Agostini Novembre 2008
Ultime écriture (hommage à Victor Ségalen) – traduction de Mohammed Idali
Récitals poétiques :
Tu es le vent de ma ressemblance (hommage à Hélène et René Guy Cadou)
La rencontre impossible (d’après « la correspondance à trois » de Rilke, Pasternak et Tsvétaïéva)
Si patiente était la neige (cantate poétique pour récitant, piano, clarinette et soprano)
Les grands textes de Xavier Grall (Solo, L’inconnu me dévore)
Le chant des villes
Nous nous touchons comment ? Par des coups d’ailes. Lecture de poèmes d’amour et de correspondances amoureuses d’artistes par Jean Albert Guénégan et Geneviève Robin.
Ce « Gardien de phare », est tout emprunt d’un lyrisme généreux. On aime simplement ce regard de l’homme de solitude sur la « mer toilettée de mort » quand « la terre et la mer s’obligent » et que « la vie vire à l’émeute ». Que ce soit dans la boucail ou dans la lumière, il y a toujours un grand vent qui se lève ou qui se tapit sous la mer, sous les mots.
***
Gardien de phare
Drôles de rapports
à la pointe de Pern.
L’océan ne veut rien épouser
tout façonner,
aucune union, pas d’aveu
même pas l’île à qui parler.
C’est un jour à tout noircir
duel sous la boucail.*
Les mouettes à bout de course
font de mauvais rêves
en interrogeant leurs ailleurs,
c’est la démence qui s’en revient.
Des maisons en marge du monde
rient à peine.
Au phare du Créach,
je ne sens la vie
qu’à l’odeur du tabac de pipe,
là, on ne fait pas l’amour
pourtant, c’est de noces qu’il s’agit !
Ici la terre et la mer s’obligent
plus qu’elles ne s’aiment,
leur destin n’est pas un pacte
mais une fin
et le Finistère
aux doigts de pierre se découpe
se maudit encore,
se tourmente en ses violences
et cogne.
C’est à devenir pierre aussi,
gardien, homme de rien, écorcherait
sa vie jusqu’au sang,
rempart ultime
contre une démesure
qui ne prête que l’oreille.
*terme ouessantin signifiant « la brume »
*
Je suis homme hors du temps.
Sans ciel et sans terre
je rumine l’impasse des vents,
invente le soulèvement de l’océan.
Gardien de phare
de la tour de Bélem à la Pointe au Père
je ne me soumets pas
aux nuits querelleuses
ignorées des jours
ô légère musique des songes.
Homme clandestin du large
mêlé au néant qui se signe,
il faut être de pierre
bâton de Finistère
et non chanteur d’opérette
pour résister à tout,
à la mer toilettée de mort.
Naître à quoi
quand elle se moque de la vie
et répand ses sangs
avant de boire ses légendes.
Renaître de quoi
quand l’immensité
à l’abordage de mes fièvres
s’installe à ma table,
qu’elle dit
mon heure va être dernière.
D’un œil de chien battu
d’une oreille à ne plus vieillir au pays,
par le raccourci de la terre à la lune
à tâtons je monte
par clins d’œil à la lumière tournante,
autant de marches
que de jours dans l’année,
et je pense que finalement
la mer va tout engloutir.
Phare, poupée câline mais vierge
je me fais tout petit,
phallus de ma pâle muse,
phare Eiffel de mes angoisses
mettant un point sur les i
de mes cahiers d’écolier.
*
Homme de solitude,
suis à l’écoute de mes peurs
quand elles usent mes draps
en veulent aux vents,
se cognent aux bougies
aux pulsations des nuits
à l’arc-en-ciel immolant mon silence
et qu’au matin chacun pour soi
et Dieu pour qui veut,
saoulé de tics,
talqué d’embruns,
je bande ma solitude
au Golgotha de mon église.
Si loin sur l’horizon jamais apprivoisé
si haut et plus près des huées des cieux
me voici la main sur le cœur
mis en croix
et ivre d’eau
à la rencontre des courants…
*
[…]
*
Je suis homme à nommer.
Gardien de phare je prie le ciel
qui sans la mer
n’aurait jamais été créé.
Parfois elle m’est rivage et chapelle
cimetière quand elle se veut île.
O monde si tu savais ici
forgeron des songes
comme j’ai vu la vie virer à l’émeute
comme j’ai entendu se crier les plus grands textes,
des secrets se préparer dans le noir,
des capitaines recracher leur mal d’eux-mêmes,
meurtrir le silence puis
se dépouiller jusqu’au face à face
toujours la lumière, diadème de nuit
a pardonné.
Ici, à la terrasse du Paradis
nuage pris
dans un torrent de tempêtes,
passe un présage et m’assure,
que là
est mon pays natal…
Certains jours
sordides et sans saveur
me sont un Purgatoire, d’un poids
plus lourd qu’un ciel chargé d’âges.
La pluie momifie d’autres terres.
Le vent hante mon esprit d’insomnies.
La peur est pudique, lunatique,
chronique et cynique,
personnelle, houleuse
délicate
ô si délicate
qu’elle fait de mes mots des morts-nés.