Paul Badin
Paul Badin, né en 1943 en Anjou où il réside. Ex-professeur de lettres, ex-coordonnateur lecture-écriture à la Mission d’Action Culturelle du Rectorat de Nantes (formations et montages de projets pour enseignants et bibliothécaires, lectures, rencontres, ateliers d’écriture…), ex-président et fondateur du Chant des mots (saison poétique et littéraire d'Angers), actuellement directeur de publication de sa revue de poésie semestrielle, N4728.
1970, découverte - capitale - de la poésie de René CHAR. Premiers poèmes et rencontres aux Busclats (L'Isle sur la Sorgue) jusqu'en 1988
Il est actuellement directeur de publication de la revue de poésie semestrielle N 4728.…
Titres récents :
-Rives Sud, Ed. Le chat qui tousse, 2006, gravure noir et blanc : Gérard Houver.
-Chantier mobile/Bewegliche Baustelle, Verlag Im Wald/Editions en forêt, 2006, gravures n. et b. : G. Houver.
-Jardin secret, L’Aile Editions, 2007, 30 gravures couleurs et noir et blanc : Gérard Houver.
-Fragments des Busclats (Rencontres avec René Char), Poiêtês, juin 2008.
-Petites impressions de Galice, Encres vives, novembre 2008.
-Gouttes d’Afrique, Encres vives, novembre 2008.
J'aime à lire cette poésie simple, dépouillée et parfois proche du haïku, proche de cette"évidence droite". Un autre rapport au monde s'y découvre avec une sourde révolte contre les "avachis du chariot" de la société marchande, contre la "pire indifférence". Je repense, le lisant, à une belle formule de Gil Jouanard naguère : "Ce n'est pas le monde qu'il faut changer mais la nature de nos rapports avec lui". C'est là, plus qu'un "écrire le poème", ce "vivre en poésie" qui nous rappelle à l'existence vraie, à la préservation de l'essentiel, loin des simulacres marchands qu'on dirige vers nous et qui nous tuent ainsi qu'une alouette "en nous émerveillant" (L'alouette, de René Char).
dédale
extraits
en ce corps de mer
se perdre
bleu immense
loin de la peau
***
la côte hostile
sa présence
parmi les brumes
au loin
nulle tension palpable
pourtant
dans ces hôtels
où l’on mange toujours
trop
***
la sournoise déglutition
des pneus sur l’asphalte
fumant
les cylindres à explosion
la chaîne des ratés
***
et l’air figé
des murs qu’on érige
toute conscience refroidie
***
tous ces egos bien alignés
serrés
en satiété
la pire indifférence
***
éternité de liens
le jardin s’ébahit
de manquer
d’autant de
considération
***
l’escabeau
toujours se hausse
jusqu’à ses trois marches
une ombre approche
hésite
trop haut maintenant
elle tremble et
recule
***
on fait de nous
des avachis du chariot
malgré nous
sous les hangars béats
heureux nous
de Sainte Consommation
***
il n’y a rien
après
si ce n’est que
la vie
continue
celle qu’on a
quelquefois
créée
aux instants
de l’évidence droite
***
toutes ces choses
que nous avons
qui masquent
tant bien que masques
l’ennui
le vide à vivre
In Aspects riants, en préparation