Françoise Coulmin
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Françoise Coulmin, poète, peintre et géographe, née en 1941 en Normandie, y vit actuellement après une période passée à Paris. Poète, peintre et géographe. Membre de la Société des Gens de Lettres (SGDL), du PEN Club français et de La Nouvelle Pléiade.
PRINCIPAUX RECUEILS :
POUR DURER, Le Dé Bleu - Les Écrits des Forges (France et Québec), 1993.
ENTRER REBELLE EN ÈRE DE DEUIL, La Bartavelle (France), 1997.
MAIS DE CE QUI SE PERD, L'Arbre à Paroles, (Belgique),1998.
TOUS LES HOMMES SONT DES POÈTES, Le Temps des Cerises, (France),2002.
LE MONDE SAIGNE DEVANT TOI Le Temps des Cerises/Les Écrits des Forges, (France et Québec), 2006.
- Autres publications en revues papier ou sur Internet et dans une dizaine d’anthologies, dont - THE METRO IS FREE, Smokestack Books (Grande Bretagne), 2006. - POÉSIE DANS LA RUE, Le temps des Cerises, (France), 2008. POÉSIES DE LANGUE FRANÇAISE (144 poètes d’aujourd’hui autour du monde), Seghers, 2008.
- Un extrait de POUR DURER est le support d'une œuvre musicale du compositeur Valéry AUBERTIN : Conversation du silence avec le silence, pour orgue, violoncelle et voix.
Contact : Pierre-et-Francoise.COULMIN@wanadoo.fr
La poésie sert aussi et surtout à résister contre la bête immonde et cynique, contre tout ce qui aujourd'hui tue l'espoir, emprisonne la conscience. La poésie arme aussi la révolte qui a bien tout à voir avec le rêve. C'est ce que nous rappelle avec justesse Françoise et c'est ce qui mérite d'être entendu et porté. Pour que vive justement la poésie. Nous ne remercierons jamais assez les hommes et les femmes qui mettent ainsi, avec générosité, les mots dans les sillons de la libération des hommes.
À CEUX, TOMBÉS
On ne peut pas côtoyer des années ces cimetières militaires
sans penser avec une boule au ventre à tous ces gamins
qui tombent et qui tombent à cause de cette saloperie qu’est la guerre
Dans la vérité
de cette atroce raideur d’alignement,
à ceux tombés, 16 ans, 20 ans,
sur toutes les plages de Normandie du monde.
À ceux, libérés de la force
et de la non douceur,
dans cette vibration prémonitoire.
Lavés du grief silencieux.
Eux, devenus étrangers
au manque de dignité,
affranchis désormais
de ce qui fut tellement insupportable.
À ceux, préservés maintenant
du désespoir qui naît de cette lente acceptation,
et sans mémoire pour tout ce qui sera
nostalgie et distance.
À ceux de ce courage,
qui n’ont pu formuler
ce qui va être odieux, ce qui va terrasser
et délivrés de l’épaisseur de l’indifférence.
Eux, autrefois tourmentés
du non asservissement
au beau, au mal, au pire,
dans tout destin et devenir.
Pour eux, il y a eu cette rencontre
ce passage impensable du compliqué
au simple.
Cette étrange rencontre :
la mort, honneur parfait,
atroce raideur d’alignement,
cet imbécile et noble sacrifice.
À ceux, tombés.
inédit, Thaon, avril 1988-2009
***
GAZA
Comment se résigner
quand un vent de folie
anéantit toute justice
Comment se résigner
quand l'horizon est murs
prison grouillante d'espoirs trahis
En 27 jours :
sentence irrévocable
sur ces 1300 vies
Emprisonnés, lanceurs de pierre,
condamnés à la peine capitale :
exécutés
Emprisonnés, pères, mères, vieillards,
condamnés à la peine capitale :
exécutés
Emprisonnés, médecins et chirurgiens,
condamnés à la peine capitale :
exécutés
Emprisonnés, religieux convaincus,
condamnés à la peine capitale :
exécutés
Emprisonnés, paysans d'oliviers arrachés,
condamnés à la peine capitale :
exécutés
Emprisonnés, 300 enfants
condamnés à la peine capitale :
exécutés
Gaza à ciel ouvert
prison record
des exécutions sans appel
Gaza, après Sabra et après Chatila
camps à charognes et décombres
où la révolte est interdite
Peuple en insurrection
et rébellion à occupation étrangère :
exécuté
Peuple accusé pour faits d'armes
dans la défense de sa survie :
exécuté
De part et d'autre des combats
avant que chaque tir n’éparpille la haine
pluies de semences proliférantes,
rêves, il y a eu rêves.
Un jour où lycaons et loups
seront repus,
nous et eux
ensemble, nous pourrons dire :
“oui on peut !”
Thaon, le 20 janvier 2009
***
GUEUX VOUS ME FAITES
Pour Annie Darmon, sur une musique ladino du XIVème
Ennui mortel, ma déchirure
De sang et de feu ma douleur
De larmes en armes ma blessure
Je crie ma colère et ma peur
D’exil, de misère déjà mort
Des plaies de pierres rongent mon corps
Mépris, détresse, graves entailles
Dans vos prébendes je me bats
Trop cher, trop loin, tant de défaites
Tant de désirs, gueux vous me faites
Amour, pouvoir dures batailles
Trop lourds malheurs sont mes combats
***
FEMMES INDIENNES
Elles ne lèvent pas les yeux
pas encore
gracile jeunesse
mères fatiguées ou maturités lourdes
elles avancent absorbées silencieuses penchées
Et leur songe intérieur sait bien depuis toujours
que les temps du savoir
de la reconnaissance du partage et de la décision
viendront
pour les filles de leurs filles
Déjà elles s'organisent
avant d'apprendre à lire avec leurs sœurs des privilèges
superbes de couleurs et de charme
longs doigts de cire brune
paroles de longue conviction
Dire ce que elles seules ont voulu voir en face
douleur du lendemain
humiliation abandon domination soumission
vitalité la mort la patience
la force d'être
Elles se lèvent seulement
mais elles sont détermination volonté
programmes de tout un sourire
recueils vivants mémoire anticipée
femmes indiennes ventres de tout progrès
Bombay, Paris, 1987
Extrait de LE MONDE SAIGNE DEVANT TOI
(Aragon Les poètes)
Françoise COULMIN
Le Temps des Cerises, FR et Les Écrits des Forges, Québec, 2005